Last updated on 8 septembre 2019
Istanbul Modern est le musée d’art moderne d’Istanbul, un bâtiment magnifique, les pieds dans le Bosphore. Une collection permanente de peintures. Surtout, plus important à mes yeux, des expositions temporaires de photographies, de sculptures, de vidéos voire inclassables.
Actuellement, la magnifique Istanbul Venice, la Biennale de Venise en visite en Turquie.
Avec quelques pièces merveilleuses.
Cette salle fermée, où l’on pénètre en se glissant entre deux lourds rideaux noirs. D’un coté, un film est projeté dans l’obscurite. Une femme danse sur un parquet ciré. La musique comme les pas sont classiques, l’image n’est pas vraiment nette, comme une vision onirique. Puis de l’autre coté, nos sens nous informent que la pièce est plus grande qu’il n’y parait, et au fond, des miroirs reflètent les silhouettes éphémères des visiteurs. Le résultat est envoûtant, c’est impossible, là, de ne pas s’aimer dans le miroir, de ne pas esquisser quelques pas de danse, de ne pas se perdre un instant dans la magie d’un art aussi vivant.
Cette sculpture en mouvement, que j’ai spontanément voulu nommer le zing et le zang (pourquoi seul l’artiste et non le spectateur saurait-il nommer l’oeuvre?) est une immense soucoupe, légèrement creuse, emplie de sable ou d’une poudre fine. Un râteau mécanique rotatif sépare l’espace intérieur en deux parties, l’une plane à merveille, l’autre parfaitement ondulée de petites vagues symétriques. Immédiatement, l’espace alentour se peuple imaginairement et se transforme en l’un de ces jardins zens, en une sensation d’équilibre de l’univers.
Une autre salle fermée, selon le même principe que la salle de danse. Le sol est un film roulant, un vivant tapis d’ordures qui donne le vertige. Que pense le collecteur de bouteilles qui va fouiller les poubelles ? Comment vivent les personnes qui recyclent in situ les déchets de nos sociétés ? Et si l’on traversait cette salle à contre-courant ?
Enfin, une série de photos projetées tout au fond d’un étage, sur un mur qui parait oublié, qui n’appelle pas le chef d’oeuvre. Mais il est là. C’est l’art. L’imagination d’un humain, qui en embarque d’autres dans son rêve. Il ou elle a dessiné sur un sol, quelque part, un jouet pour enfants, un de ces bancs à bascule multi-places que l’on trouve dans les jardins publics. Des enfants sont venus. Ils se sont installés, et ont commencé à rêver, à jouer vraiment. Ne puis-je pas, une minute seulement, entrer dans le film et jouer avec eux ?
17 novembre 2006
NDLR : Actuellement en travaux, le musée a été temporairement déplacé vers les hauteurs de la ville, s’éloignant de son Bosphore quotidien.
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