Last updated on 11 septembre 2019
Après le temps des vacances vient la rentrée, aussi sûr que le jour succède à la nuit, et chaque rentrée est l’occasion de guetter les petits changements dans notre environnement. Un magasin de produits « technologiques » a ouvert rue du printemps, deux magasins de mode ont fermé. Un immeuble a été rasé au coin de la rue. Et puis un matin, oh surprise, en sortant de l’immeuble pour me rendre au travail, que vois-je ? Un container à poubelles, de l’autre cote de la rue. Pas un de ces containers tristes et laids, non : une magnifique poubelle géante bleue à pédale. Finis les tas d’ordures au coin de la rue, jetés là en vrac. Finies les odeurs asphyxiantes et les bouts de trottoirs condamnés. D’ailleurs, c’est toute une famille de poubelles qui s’est installée dans Kadikoy, les petits frères et sœurs de ma poubelle sont disséminés un peu partout dans les quartiers. Je leur souhaite donc la bienvenue.
Toutefois, une interrogation. Comment vont survivre désormais les recycleurs humains, ces hommes et femmes qui farfouillent dans les poubelles pour en extraire ce qui est revendables aux usines de recyclage ? Je n’aurais pas dû trop me tourmenter, car nécessité est mère de génie. De retour du marché, je tombe sur une scène incroyable : une femme et deux enfants assez petits, autour de quelques conteneurs groupés. Un enfant appuie sur la pédale, un autre est chargé dans la bouche d’acier de la poubelle par la femme afin de pouvoir y entrer. Vision à la fois presque burlesque et terrifiante de pauvreté.
22 septembre 2006