Last updated on 7 septembre 2019
Dans la série Voyage en Chine du sud, archive inédite de juillet 2011.
Levée avant les poules, pas un chat sur la route, juste un ours noir qui galope pour traverser dans le petit matin, ça commence bien. Route impeccable, loupé le pont à Montréal, si si, le grand, celui que l’on voit 15 km à la ronde, il faut le faire, je sais. Du coup on a traversé sur un vieux pont rouillé, délicieusement style friche industrielle, qui a eu le bon goût de ne pas s’écrouler sous le poids de la voiture dans un fleuve Saint-Laurent bien agité.
Je passe rapidement sur le Montréal du grand prix de F1 et des francopholies, de la rue Mont-Royal piétonne et du déluge sur le Mont Royal, mention spéciale au restaurant vietnamien de China town, et là, quelque part entre les pieds mouillés et le ventre plein, un cellulaire qui sonne. Air France me désigne volontaire pour changer de vol (encore) et offre 200 dollars de compensation, donc finalement je pars plus tard, pour Amsterdam, avec KLM. Mais bon, je suis vénale et l’argent m’aide à passer outre le deuil de mon shopping parisien et la qualité défaillante du service sur KLM (un jour je me rappellerai que la vocation première d’une compagnie aérienne est de m’emmener à bon port …).
En bonne compagnie, entre une ancienne guide de voyage et ex de l’OTAN qui part à Copenhague en fauteuil roulant et un charmant iohais (ça se dit, ça?) qui part découvrir l’Écosse, le voyage passe trop vite à mon goût et hop, débarquement au pays des tulipes en sabot (ou l’inverse).
Dans le vol pour Canton, par contre, je suis calée entre un hublot inutile (merci les nuages, je n’ai pu voir ni Moscou ni le Tibet, rage rage rage) et un chinois trop volumineux quoique gentil. Pourtant je dors (il était temps), savoure un Bollywood qui me fait hurler de rire (Tees Maar Khan) et les plateaux repas végétariens (quelque part je me demande s’il n’y a pas une faille dans la logique de Southern China Airlines, à cause de l’en-cas / sandwich au jambon qui m’est servi entre deux plateaux végétariens). À l’arrivée le tapis rouge est déroulé et une délégation attend avec une banderole mais visiblement ce n’est pas pour moi donc je saute dans le bus, du bus, franchis les douanes en seconde position, attrape mes bagages (youhou ils ne sont pas perdus quoique la valise semble un peu malade), et quelques retrouvailles plus tard me voici dans le taxi sur une autoroute qui dépasse certains immeubles, ornée de palmiers.
C’est très urbain décadent dans le genre “tournons le regard une minute et la nature reprendra le dessus” à partir de tous les balcons, terrasses et parcs d’où elle dégouline. Sensation diffuse de prendre pied dans un univers qui aurait été latent dans un recoin de mon imaginaire, et soulagement de trouver la température franchement supportable ! Sauf que le taxi est climatisé, oups, donc je me suis réjouie trop vite. En tout cas, grand bleu !