Last updated on 12 septembre 2019
Dans la série Voyage en Chine du sud, archive inédite de juillet 2011.
À peine débarquée de l’avion, et afin d’accroitre mes chances de survie urbaine, mission téléphone portable. Moi ne l’utilise que de manière extrêmement sporadique le reste de l’année, je m’en procure un chaque été pour rester joignable lors de ma crise annuelle d’ultra-sociabilité. Et là, en Chine je caresse le rêve d’un appareil un peu plus sophistiqué qui pourrait faciliter le séjour. Je pense surtout photos pour pouvoir montrer ou je désire me rendre … Finalement, je réussirai largement à me repérer grace au GPS : cela demande seulement une bonne mémoire visuelle, quand les noms sont illisible. Oui, je sais, les noms sont très lisibles, c’est juste moi qui suis analphabète, merci de me le rappeler.
Pleine de bons sentiments, dans le bazar de l’électronique, je suis horrifiée par les prix en neuf, donc demi-tour vers les téléphones usagés voire bidouillés, et finalement j’arrête mon choix sur un nokia N 97, neuf, avec appareil photo, enregistreur, GPS, radio, lecteur de films etc … Pour moins de 30 euros, évidemment c’est un faux. La vendeuse a annoncé la couleur tout de suite, mais tout marche tellement bien que je me demande ce qu’il peut bien avoir de faux, pas grand chose sans doute.
À vrai dire, s’il faisait téléporteur en plus, je ne serais qu’à moitié étonnée. Il y a même une icône pour accéder à un site de rencontre, mais là, franchement, ça dépasse mes compétences (inexistantes) en chinois.
En général la configuration est en anglais mais parfois, pas de chance, allez savoir pourquoi, j’atterris sur une page en chinois (en mandarin, en cantonnais, allez savoir : en quelque langue qui me perplexifie) et alors là, bonjour expérimentations en tous genres et miraculeux hasard pour arriver à avancer et retomber sur mes pattes, mais je me surprends à y arriver.
Un marchand Hong-kongais (son accent le trahit, selon mon accompagnatrice) vend pour sa part la carte sim et donc le numéro. Je n’ai pas payé plus cher pour obtenir un numéro plein de 8 (tant pis si je perds ma chance), mais je n’ai pas non plus poussé le souci de l’économie jusqu’à accepter un 4 (on ne joue pas avec la mort tout de même).
Sur le petit doigt de la main droite du vendeur, l’ongle est très long et jauni, comme dans un film. Et si l’on m’avait refilé le numéro d’un membre influent d’une des triades ? Et si une horde de malfrats pratiquant le kung-fu déferlait dans les allées du marché couvert ? Et si j’étais en train de succomber aux préjugés de l’occidentale posant pour la première fois un pied (trop grand) en Extreme-Orient ?