Last updated on 11 septembre 2019
Au bout, tout au bout de la rue se tient un marché, le marché du mardi (Sali Pazari). Soit dit en passant, il se tient aussi le vendredi.
Il est comme tous les marchés du monde, plein de beaux produits frais, fruits et légumes, fromages, un peu de poisson et de viande. Les fruits et légumes surtout sont incroyablement apétissants, lustrés et arrangés artistiquement sur les étals par des marchands perfectionnistes.
Les rayons non-alimentaires attirent peut-être encore plus les foules, des vêtements aux sous-vêtements, des ustensiles de cuisine aux sacs à aspirateur, des étoffes magnifiques à des prix dérisoires aux meubles de rangement en plastique.
Ici comme ailleurs, les matrones jouent des coudes, les jeunes filles sortent en petits groupes, les hommes fatigués accompagnent surtout. Au milieu des produits alimentaires, des portefaix usés, le dos voûté même sous le panier d’osier vide, dans une affreuse caricature. Pour quelques pièces, ils porteront vos emplettes jusque chez vous. Ça serre le coeur, je ne peux ni les ignorer ni utiliser leur force de bête de somme, et ils ont l’âge de la retraite bien méritée.
De jeunes garçons offrent des bouteilles d’eau, gardées fraiches l’été parmi les glaçons. D’autres proposent des citrons ou du persil. Je les aimerais mieux à l’école. Je ne veux pas les imaginer dans 50 ans attendant le client courbés sous leur panier.
Ça et là, des immigrés asiatiques, chinois sans doute, vendent tranquillement leur camelote universelle. Nouveaux venus dans le paysage, bientôt intégrés. Jour de marché, bain de foule, rentrer les bras chargés de courses. Que serait-ce, si moi aussi je devais acheter et cuisiner pour une grande famille ? Je n’ose imaginer les kilos qui passent chaque jour dans les foyers turcs qui aiment encore à cuisiner les produits frais.