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Hainan ou l’île aux merveilles

Posted in Chine, Flore et nature, and Voyages

Last updated on 9 septembre 2019

Dans la série Voyage en Chine du sud, archive inédite de juillet 2011.

Il me semble qu’on fantasme beaucoup, collectivement, sur les îles tropicales dites paradisiaques. Chaleur, insularité, plages de sable fin et végétation abondante constitueraient un parfait cocktail. Je me sens donc en mission pour enquêter sur le sujet, me désignant d’office comme cobaye. Un point de comparaison aussi, Saint Barthélemy dans les Caraïbes, autre mer, autre océan, autre végétation et autre faune. Voici donc le premier rapport d’investigation, après deux jours et trois nuits, on s’en doute, de travail de recherche acharné.

Commençons par planter le décor : Hainan est la grosse île au Sud de la Chine, Sanya une ville balnéaire au Sud de l’île, et Dadonghai un quartier quelque part entre la basse ville et la baie qui accueille le Ritz et le Hilton du coin. À quelques pas de la mer, au fond d’une impasse, un immeuble de quatre étages à la façade bleue abrite une auberge de jeunesse. Au rez-de-chaussée, derrière la réception et le lobby, la salle détente avec ses livres dans toutes les langues propose aussi quelques ordinateurs. Je suis installée là, rafraîchie par la pluie qui arrose les palmiers au dehors, sirotant un thé glacé au citron parsemé de graines de basilic en gelée en écoutant Olivia Ruiz chanter l’autre bout du monde.

Mais revenons à notre île.

Bon, d’accord, la température y est parfaite. En réalité, juste un peu trop élevée peut-être, mais c’est l’occasion d’apprécier la brise marine qui vient rafraîchir les corps légèrement vêtus. En appréciant aussi la légèreté des tenues, ce qui nécessite un léger effort pour me rappeler mon autre vie, celle ou je porte six mois par an grosses bottes, gants, écharpes et bonnets, sans oublier l’énorme veste molletonnée qui permet de supporter les moins vingt degrés celsius comme si on était douillettement au fond du lit, ou presque. Revenons à nos moutons, un incessant défilé de maillots, robes légères, shorts de bain et autres chemises d’été qui offrent comme un raccourci des présentations des nouvelles collections d’été des créateurs de mode.

 Une chose en amenant une autre, la chaleur est un incitatif puissant à la baignade. Et quelle baignade ! Des eaux translucides hésitant entre le bleu et le vert, laissant deviner la douce pente littorale du sable ultra-fin, tellement doux aux pieds en soirée quand il est rafraîchi. Des vagues juste assez hautes pour provoquer le jeu, peut être un peu de bodyboard, mais rien de bien menaçant, pas de courant, un phénomène de marée qui fait gentiment osciller les niveaux.

Certains jours des panneaux annoncent la présence de méduses, garantissant le petit frisson d’adrénaline juste pour se faire peur un peu, car elles ne sont pas très nombreuses. Je voudrais justement en profiter pour remercier à ce sujet les populations chinoises qui consomment les méduses, d’ailleurs je les inciterais volontiers à en consommer un peu plus, si je parlais, ne serait-ce qu’un peu, un langage compris par ici. Je les aime de cette affection intéressée que j’ai aussi, par exemple, pour les hirondelles et les chauve-souris qui s’alimentent de moustiques.

Les espaces littoraux devant les plages sont nettement divisés, à l’aide de flotteurs, pour éviter qu’un baigneur malheureux ne se fasse décapiter par un jet ski ou autre engin rapide créateur de vagues. Accessoirement, les flotteurs et les cordages qui les maintiennent unis sont un excellent terrain de jeux pour des exercices d’équilibre qui finissent invariablement sous l’eau, et accueillent aussi une colonisation d’algues, mollusques, et même de petits poissons dans le genre mimétique.

Les Chinois ont l’excellente habitude de déserter les plages la plus grande partie de la journée, ce qui rajoute l’adjectif désertes aux déjà fort encourageantes plages de sable fin bordées de palmiers. Enfin, heureusement pas trop désertes car, sinon, qui trancherait une noix de coco pour y planter une paille et apaiser ma soif ? Qui la trancherait encore pour que je me délecte des lamelles de chair fraîche, un peu molles, aussi différent des restes séchés qui parviennent aux pays du Nord que l’i-phone l’est de mon premier téléphone portable gros comme une chaussure, ou presque.

Autre avantage de l’insularité, outre les plages immenses, c’est qu’a priori, on ne peut pas se perdre vraiment : il suffirait de retrouver la côte et de la longer pendant longtemps pour revenir à Sanya. En théorie, me fait-on remarquer, puisque Hainan est quand même longue de 500 kilomètres. Il n’empêche, le sentiment de monde fini et sécurisant est la.

Et pour le prouver, je me suis perdue seulement trois heures hier … Encore que je ne m’en tienne pas pour responsable. Le système de transport chinois est parfois un peu déconcertant. Par exemple, que vous évoquerait le nom : terminus des bus ? Un terminus, n’est-ce pas ? La fin de la ligne … eh bien non, c’est à peu près au milieu de la ligne 2 – et 4, et 5, et 8, et 10, et 16, et 20 et 22 – j’ai eu le temps de mémoriser la carte des transports à force de parcourir cette fichue ligne 2 dans tous les sens, entraînant à ma suite deux âmes, du coup égarées par ma faute. Ne jamais présumer, donc : un terminus n’est pas un terminus. Sic. Enfin, un peu d’aide plus tard et ayant perdu une des deux âmes en route (quoique pas définitivement), tout est rentré dans l’ordre.

Qui a dit que le paradis, s’il était parfait, serait d’un ennui insoutenable ? Ici, pas de risque.

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