Skip to content

L’individu dans la masse

Posted in Canada, Québec, and Voyages

Dans la série Il y a tout juste 10 ans – Archive Québec, samedi 6 mars 2010.

Quand on prend deux rendez-vous dans un délai trop court, il est assez raisonnable de s’attendre à ne pas pouvoir honorer l’un des deux.

C’est ainsi que j’ai lamentablement manqué le début de la course des Pichous. Cependant, un poil obstinée, je me présente tout de même sur les lieux bien en retard. Les organisateurs, sans doute parce que le cas de figure n’avait pas été envisagé, m’ont malgré tout munie d’un dossard et me voila partie, une vingtaine de minutes derrière les premiers marcheurs.

Le principal inconvénient de partir en retard, c’est que nul ne vous montre plus le chemin. Fidèle à moi-même, je suis donc fort bien égarée sur les boulevards péri-urbains. En trottinant lorsque j’ai la chance de rencontrer un semblant de trottoir.

Cinq minutes de profonde solitude plus tard, égayée seulement par le passage éclair de voitures peu compatissantes, ô miracle, j’aperçois plus loin un groupe de coureurs traversant la route. j’accélère l’allure sans les rattraper et les suis de loin. Las, ils font vite demi-tour et je poursuis mon chemin incertain.

La chance me sourit un peu plus tard lorsque je vois une voiture de police bloquer la bretelle d’accès d’une route. J’ai exactement trois kilomètres de retard sur les meneurs. Toujours joggant, je finis par rattraper les marcheurs les plus lents et remonte petit à petit la file.

De ce moment, la course n’est plus que soleil et grand bonheur, une ambiance de fête bon enfant régnant sur le parcours.

Après quinze kilomètres, je vois l’arrivée avec plaisir, et c’est là que tout rebascule de nouveau.

Passé la ligne, c’est un fouillis sans nom, rien n’est indiqué nulle part, comme pour mieux me rappeler que je ne suis qu’une étrangère. Tout le monde semble à l’aise et mon inconfort augmente d’autant. Après avoir été en retard, je suis maintenant perdue. De nouveau seule, mais cette fois dans la foule.

Je suis quelques personnes et finis par arriver dans une salle où c’est un véritable exploit que de trouver un verre de quelque chose pour étancher ma soif. Bien sûr, lorsque je pose un instant mon verre pour venir en aide à une dame âgée, je me le fais voler.
Je me procure donc un verre vide et par miracle trouve une borne fontaine. Évidemment, je me fais insulter car je n’ai pas pris place dans la file d’accès à la borne fontaine du bon côté. Qui a dit que le sport adoucit les moeurs ?

Esseulée, assoiffée, fatiguée, je décide alors de me renseigner sur le moyen de me rendre au lieu où sera servi le repas. On m’envoie à pied vers le haut de la ville. Le meilleur moyen sans doute de rajouter à ma fatigue et à ma soif. De plus, je soupçonne qu’il doit exister un bus pour couvrir cette distance et commence à couver un début de paranoïa.

Enfin servie et assise au milieu des gens, je nourris lentement mon estomac et ma solitude parmi la foule, personne ne vient me parler, les voisins de tablée m’ignorent.

Comme pour se faire pardonner, la chance tourne au moment même où je tourne moi-même en rond en recherche de la sortie et d’un moyen de regagner une solitude plus paisible. Je croise enfin quelques têtes connues, me fais inviter à une table et pour comble de retournement de situation, gagne in extrémis un prix de présence d’une valeur non négligeable.

Quand on parle des deux côtés d’une médaille, je n’ai pas obtenu de médaille mais j’ai le sentiment d’en avoir vu toutes les faces. Ce n’est pas mon premier évènement sportif, mais celui-ci restera dans les annales comme le plus déroutant.

One Comment

  1. Chantale
    Chantale

    Je me rappelle trop bien et je regrettais tellement de ne pas t’y avoir accompagnée.

    6 mars 2020
    |Reply

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Gwendreams

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading