Last updated on 7 septembre 2019
Pour qui passe sur la route entre Huesca et Lérida, il est difficile de ne pas remarquer la silhouette évocative du château de Montearagon. Murailles massives, tour crénelée, il aurait pu être dessiné par un enfant tout en haut de cette colline. Dans les rouges et or de la nuit tombante, ce château semble sorti d’un livre d’images pour raconter des histoires de sièges et de batailles, de princesses et de chevaliers et de dragons.
Pourtant, le malheureux n’est plus qu’une coquille vide. Dans son enceinte poussent les herbes folles sur les ruines de bâtiments disparus. Ça et là, un mur a été retapé maladroitement, blessures de béton au milieu des pierres de taille. De larges grilles ouvrent sur des puits, des salles en contrebas, comme autant de gouffres entr’aperçus.
Quelques arcs voûtés, quelques balcons effondrés ouvrant vers la plaine en contrebas, lui conservent un semblant de dignité. Le vieil édifice semble vaincu par les outrages du temps et le souvenir amer de la folie des hommes, de la reconquête aux errances de la guerre civile.
Peut-être, finalement, préfère t-on le rêver de loin que de le voir souffrir de près …
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