Last updated on 31 octobre 2023
Cela faisait quelques années que nous ne nous étions plus rencontrés. Il était grand temps de nous revoir. Après nous être croisés en Turquie, au Canada et en Bretagne, c’est en Écosse qu’ont maintenant lieu les retrouvailles avec les dauphins …
Les dauphins sur la côte est de l’Écosse
Première séquence émotion au nord d’Inverness. Le cha(t)mion installé sur un promontoire tout au bout de la péninsule de Black Isle. Entre deux averses, je pars explorer le village de pêcheurs (autrefois) et de boutiques touristiques (c’est sans doute plus rentable) de Cromarty. Cimetière aux tombes du XVIème siècle, façades de maisons inchangées depuis le XVIIIème siècle. Une célébrité locale (Hugh Miller) a marqué la géologie et découvert des fossiles. Je déambule, observe, me pose sur la plage un moment, ouvre un livre sur un banc au soleil.
Les heures passent, et sur le chemin du retour un banc face à la mer se chauffe au soleil. Irrésistible. Je pose le sac, ressors le livre, m’assieds, repose le livre, sors les jumelles du sac, me relève, scute les eaux, à tout hasard. Et ils sont là où je n’osais les espérer. Un aileron foncé, un autre, un bout de dos arrondi. Ce sont les dauphins. Plus exactement, les grands dauphins Tursiops truncatus, qui vivent en colonie de 200 individus non loin de la côte de Moray. Ils sont plus grands que la plupart des membres de leur espèce, pour supporter le froid. 4 à 5 mètres de long, 300 à 600 kilos … et plus de cerveau que vous ou moi !
Ils émergent ici ou là, seuls ou en duos. Ils sont en plein repas, une chasse qui les amène à se déplacer avec des bancs de poissons, probablement. J’en vois au moins une trentaine, mais il est difficile de savoir si je vois plusieurs fois les mêmes individus. Le temps se fige, mais l’observation dure au moins une demi-heure, puis ils se font de nouveau invisibles. Sont-ils juste sous la surface ? Ont-ils simplement changé de site ? Impossible de le savoir.
Je reprends la marche, des étoiles plein les yeux, le pas léger, pleine d’un sentiment de gratitude pour avoir eu une fois de plus la chance d’observer ces élégants mammifères marins.
Les dauphins sur la côte ouest de l’Écosse
Seconde séquence émotion sur la splendide île de Skye. Le cha(t)mion garé sur le parking du port minuscule de Portnalong. Zeus a disparu depuis notre arrivée. J’ai mal évalué les risques et bien entendu, je le regrette amèrement. Je sais qu’il n’est pas perdu, car quand je l’ai appelé durant la nuit, il m’a répondu. Il ne sait pas résister à l’envie de savoir ce qu’il y a de l’autre côté d’une clôture, mais il oublie toujours comment revenir. Je veux bien aller le chercher, moi, pas de problème, mais il est quelque part dans des fourrés épais, et se tait sitôt que des chiens sont dans les parages. Pas facile… Finalement j’ai dû tailler à coups de sécateur un chemin dans les fourrés jusqu’à la clôture et attendre qu’il le trouve. Ce qu’on ne ferait pas …
J’étais donc d’humeur plutôt morose quand, surprise, je vois arriver le 4 x 4 d’un couple déjà rencontré il y a plus de 10 jours, justement sur le parking près de Cromarty, à 200 kilomètres de là. Le monde est petit. Nous nous réjouissons de nous retrouver et discutons un peu, puis je les laisse prendre possession de la table de pique-nique, au soleil.
Un peu plus tard, toujours un peu déboussolée d’être sans chat, ayant rangé et nettoyé le fourgon, lu à volonté, je finis par sortir les jumelles et scruter les environs, surtout à la recherche d’oiseaux. Encore une fois la chance me sourit, car les dauphins sont là, dans le bras de mer nous séparant de la presqu’île en face. Je m’assure que ce sont bien des dauphins, puis alerte le couple de néerlandais et les rejoins sur la pointe de terre la plus proche de l’eau.
L’observation cette fois dure bien plus longtemps, porte sur une zone vraiment étendue, et comporte plusieurs acrobaties aériennes spectaculaires. Quelques individus sont assez près de nous, mais la plus grande partie du groupe est plus loin, et circule dans les deux sens. Ils sont extrêmement nombreux, émergent souvent de l’eau à plusieurs, et en files jusqu’à 5 ou 6 individus se suivant. N’osant le moindre mouvement de peur de perdre une miette du spectacle, je deviens la proie des moustiques. Il faut dire que l’Écosse souffre depuis 2 jours de canicule (soit 22 degrés celsius, oui oui, tout est relatif) et j’ai donc eu la mauvaise idée de ressortir le short.
Impossible cette fois de déterminer de quelle espèce de dauphin il s’agit. Ils sont bien plus petits que ceux observés à Cromarty, et semblent plus recourbés, à moins que ce ne soit le mouvement lié au saut qui crée un effet d’optique. Ce pourrait être le dauphin commun. Je ne crois pas avoir vu de nez blanc, ni de tâches grises sur les flancs, sans en être sûre. Aurais-je eu la chance de croiser des dauphins à nez blanc (Lagenorhynchus albirostris) ?
L’essentiel, une fois de plus, est la magie de la rencontre, l’émerveillement devant tant de beauté et de grâce.
Juste après ce moment de grâce, j’ai enfin pu récupérer le félin du bord de mer, et aller explorer l’extrémité de la presqu’île, avec les ruines d’un chateau et un phare posé là pour les jours de tempêtes. En parlant de tempête … mais non, c’est une autre histoire. Celle des dauphins et du chat disparu se finit bien, comme dans les contes de fée. C’est bien là l’essentiel, non ?
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