Last updated on 10 septembre 2019
Le sentier commence encore une fois où la voiture s’arrête. Il commence par serpenter doucement parmi les buis, puis il longe le torrent et grimpe jusqu’à dominer la cascade. Il s’écarte enfin des eaux tumultueuses et accumule les feuilles mortes dans les tournants. De boucle en boucle il se fait de plus en plus raide parmi les chênes tordus recouverts de mousse.
Puis il se hisse sur une arête, et d’un coup découvre les rayons du soleil qui, en cette saison, ne descend jamais plus bas. Au milieu des ronces et des fougères il longe, d’en face, les falaises déchiquetées. Un autre bois bien pentu vient s’étendre presqu’à le toucher, en contrebas.
Un nouveau changement de pente et tout d’un coup le paysage s’ouvre sur un ample alpage protégé par les pics voisins. Le sentier s’y perd, se divise, se croise, se rejoint et se perd de nouveau encore un peu plus loin. Mais il finit par regrouper ses forces et tracer une voie inmanquable vers l’évidence : la cabane du berger.
C’est terre civilisée que les Pyrénées, et la cabane y est ouverte aux voyageurs. Elle offre son toit et ses quatre murs au marcheur fatigué. Il y sera au sec, à l’abri des vents et des pluies et du froid. Il ouvrira l’armoire pour en faire une table, tirera un banc avant de s’asseoir devant un repas revigorant. La nuit tombée, il pourra s’étendre pour la nuit sur le plancher de bois du minuscule étage.
Au matin, il s’agit de tout remettre en ordre et de bien refermer pour le prochain visiteur. Et les chaussures reprennent, presque sans s’en rendre compte, le sentier qui maintenant s’éloigne de l’abri familier.