Skip to content

L’île aux singes

Posted in Animaux, Chine, Flore et nature, and Voyages

Last updated on 9 septembre 2019

Dans la série Voyage en Chine du sud, archive inédite de juillet 2011.

Toujours Hainan. Nouvelle partie de ma mission, consistant à aller à la découverte de la faune indigène. Il faut dire, mission accomplie puisqu’outre les macaques, j’ai réussi à rencontrer des buffles et des perroquets (j’avais déjà la veille fait connaissance avec les moustiques, les cafards et les rats, mais ce n’est peut être pas aussi glamour donc autant commencer par le plus exotique).

Accompagnée donc d’un informaticien danois, j’avais décidé de me rendre sur l’île aux singes par mes propres moyens (c’est-a-dire les transports publics plutôt qu’un tour organisé). D’abord trouver sur la ligne 2 la gare centrale des bus longue distance, réussir à acheter des billets pour la bonne destination au bon guichet puis trouver le bon bus (parce que j’ai oublie de préciser qu’à Sanya, presque tout est indiqué en deux langues : mandarin et … russe, et mon russe est pour le moins rouillé), et enfin en route pour une heure trente de bus heureusement climatisé. Je dois préciser que tout le monde est bien aimable et fait tout son possible pour aider, mais parfois tout n’est pas beaucoup. Le bus nous jette au passage à un grand carrefour de Lingshui (moi non plus, je ne sais pas vraiment ou c’est). Là, je fais le singe un peu (littéralement, j’imite un singe) et les gens nous poussent dans un minibus qui s’éloigne lentement de toute civilisation.

  Ce trajet en minibus semble tout droit sorti d’un film, car le bus passe devant des rizières cultivées par des paysans aux chapeaux pointus dirigeant des buffles, des vaches aux longues cornes tirent des charrettes, on quitte la route pour emprunter un pont de fortune constitué de … détritus, devant chaque maison un petit autel de vénération des ancêtres, joliment décoré, ou brûle de l’encens et des bougies derrière les offrandes de nourriture fraîche, plus loin encore un buffle (en anglais water buffalo) se baigne jusqu’aux naseaux dans une micromare. Ici et là un bar à hamacs, dont le concept est admirable : un bosquet d’arbres, les hamacs tous arrimes à un arbre central, disposés en étoile : du hamac social, quoi ! Presque chaque bar ou café ou je ne sais quoi dispose d’un billard dans sa cour avant, créant cette merveilleuse petite note de décalage parmi les poulets et les chiens poussiéreux.

Au bout de la route (qui a alors disparu et n’est plus qu’un chemin de terre battue), le minibus recrache ses occupants et là … oh bonheur, il faut prendre un tuk tuk, mais si, un side car recouvert d’un abri, attaché à une petite moto. Oh que j’aime ça, ça cahote juste un peu, le léger vent du mouvement, le large champ visuel …

Trop vite (tout étant relatif), on arrive au téléphérique qui nous envole par dessus un mince bras d’eau et la petite montagne derrière laquelle se tiennent les singes, dans un débordement de verdure déchaînée.

Vue magnifique sur le village marin, un entrelacs de pontons, maisons et bateaux qui encadrent des fermes piscicoles, casiers géants à ciel ouvert ou grouillent des formes colorées qui iront ensuite garnir les aquariums des restaurants puis les assiettes des touristes.

Finalement, les macaques : les jeunes qui jouent et se jettent dans une piscine aménagée à leur intention, fascinant de joie et comme un grand éclat de rire collectif. Un peu plus loin un, deux singes me témoignent un intérêt particulier, puis l’un des deux m’escalade littéralement, entre dans mon sac et me subtilise un morceau de pain, vestige oublié du petit déjeuner, avant de se réfugier dans les branches d’un arbre pour déguster sa prise. Toute la journée, l’odeur doit rester présente, car ils et elles sont nombreux à venir s’asseoir près de moi, tirer gentiment sur mon sac.

Tout est un peu artificiel, aux limites du faux, mais au moins, je suppose que c’est honnête, même si je voudrais ne pas voir toute cette réalité, puisque les animaux sont ici captifs, sans que l’on ne voie les murs de la prison, constituée peut-être de la seule garantie d’un repas chaque jour. Est-ce pire que la condition humaine en bien des endroits ? Et me voici en pleine réflexion au beau milieu des vacances, comme ce singe en statue miroitant le penseur de Rodin, assis sur un volume de Darwin et tenant dans sa main un crâne humain.

  Un peu plus tard un perroquet vient me témoigner son affection aussitôt que je sors un billet vert (un yuan) et se pose sur ma main, ses serres étrangement chaudes et délicates contre ma peau, et je me sens en retour une affection gratuite pour cet étrange volatile mercantile.

Le soir j’aurai encore d’autres chances de contacts avec des animaux, mais les moustiques me semblent moins exotiques, les rats comme celui du restaurant hier soir, quoique mignon, me semble risqués, et les cafards, noirs et gros comme un bon pouce … n’en parlons pas, cela vaut mieux.

[googlemaps https://www.google.com/maps/embed?pb=!1m18!1m12!1m3!1d60642.91139850977!2d109.66932507603987!3d18.201560083604708!2m3!1f0!2f0!3f0!3m2!1i1024!2i768!4f13.1!3m3!1m2!1s0x315ab6e4171d2377%3A0xd1e79b92bc44bb4e!2sDongzhou!5e0!3m2!1sfr!2ses!4v1562059853031!5m2!1sfr!2ses&w=600&h=450]

Be First to Comment

Laisser un commentaire

En savoir plus sur Gwendreams

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture