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Dans la série Il y a tout juste 10 ans – Archive Québec, 27 août 2009.
C’est un jour d’anniversaire, alors pas question de travailler ni de rester à la maison. Donc hop, sur la route. Celle qui longe le fjord du Saguenay par le Sud, celle du Nord, je la connais, elle est magnifique mais là, je me sens plutôt d’humeur à explorer. Sur la carte, le parc de Rivière Éternité joue les sirènes, et je me laisse tenter. Joli ruban de route solitaire, un lac à gauche, un lac à droite, un hydravion jaune, la forêt vert profond partout, ça tourne dans tous les sens, ça monte, ça descend, puis le parc commence sur la gauche, après une petite cahutte de la Sepaq.
Tout de suite la ¨montagne¨, falaises abruptes et nues, belle roche grise, qui surplombe la route. Un peu avant le fjord, le parking, un départ de sentier. Le ciel me crache dessus et je l’ignore. Sous-bois aux douces odeurs de fougères mouvantes, tapis de champignons, de l’eau en abondance, sous toutes ses formes (sauf les plus froides).
En quelques heures, j’ai rejoint le fjord et ses odeurs iodées de l’océan encore lointain, la montagne côtière. Des girolles se sont jetées dans mes jambes mais les bleuets se font rares, quelques branches de thé du Labrador embaument l’air. Le vent souffle par bourrasques puissantes au sommet de la falaise et la pluie se moque : de vilaines gouttes entrecoupées de rayons de soleil frais, des pans de ciel bleu se voilent et se dévoilent.
Chaque instant est à la gloire de la nature sauvage à peine égratignée par d’étroits sentiers ancestraux. Et dans la lumière crépusculaire du retour, un porc-épic surpris s’éloigne de sa démarche maladroite à travers la végétation haute.
© Gwen Caillet 2019 – Tous droits réservés.