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Dans la série Il y a tout juste 10 ans – Archive Québec, mardi 3 novembre 2009.
Parfois le passé et le futur viennent se télescoper dans une sorte de rêverie mélancolique, et toujours la Turquie revient. Istanbul l’incomparable dans des flashs, mélanges de souvenirs et de désir.
Déguster un sahlep chaud sur Istiklal par un matin froid et se réchauffer le cœur aux odeurs de cannelle. Descendre par une journée brulante retrouver la tête de Medusa dans les citernes englouties et se perdre dans un arbre impossible parmi les sons d’eau et les musiques lunaires. S’asseoir sur les bancs au dernier étage du vapur et guetter les dauphins dans le Bosphore. Traîner sa nuit sur Nevizade et finir aux petites heures ivre de danse à picorer en riant les moules farcies du petit vendeur de rue. Se réfugier sous une pluie torrentielle dans la librairie aux rayonnages de bois débordant de trésors. Errer dans les musées d’une exposition l’autre. Parler, parler encore et encore. Des voix chuchotent des mots dans une langue presque oubliée.
Mille images dans la tête comme un kaleidoscope fou. Et le parfum inoubliable des amitiés, des heures de tavla dans la rue, une soirée à l’opéra, le poisson hebdomadaire, sacré, les rires et les jardins secrets.
Comme d’autres avant moi je découvre la saveur douce amère de l’exil.
Et pourtant. Ici aussi, maintenant.
Le paradis, impossible, réunir tous les espaces et les saisons en un seul lieu et temps … non, la diversité plutôt, avec le manque parfois, avec toujours plus, quelque part encore.