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Dans la série Il y a tout juste 10 ans – Archive Québec, lundi 7 décembre 2009.
Il y a des moments minuscules, fragiles, qui auraient aussi bien pu ne pas exister.
Il suffirait de peu pour changer la texture de la vie, et il suffit de peu pour la rendre si jolie. Comme à mon habitude, l’émotion vient de l’estomac, et le bonheur suit.
Chaque matin je rejoins le travail à pied. C’est l’affaire d’une demi-heure, dans l’aube claire ou le crépuscule, les deux bottes foulant la neige, le nez glacé et les joues rouges. Quelques enfants sur le chemin de l’école, un retraité promenant son chien : les rencontres sont rares. Chacune de ces traversées de la petite ville est un moment de solitude tranquille, de calme et de beauté.
Sur la route, j’en profite parfois pour faire halte à l’épicerie. La marche me donne faim. C’est ainsi qu’aujourd’hui j’ai fait une razzia sur les produits de la mer. Derrière leur vitre, les salmonidés en cours de fumaison avaient l’air trop appétissants, impossible de résister. Et tant qu’à trainer dans le rayon un peu … oh, des homards en promotion !
Quelques heures plus tard, le corps satisfait et l’âme enchantée, littéralement, par la joie de comprendre les secrets intimes de ce homard, comme un puzzle à résoudre.
Il en faut peu pour être heureux, guère plus que la fantaisie d’un souper, gentille folie ordinaire.