Last updated on 1 novembre 2023
Je croise régulièrement certains d’entre vous qui vivez librement, et vous me demandez souvent « Mais pourquoi adopter un humain ? N’est-ce pas trop de contraintes pour peu d’avantages ? « . Alors pour cette fois-ci, et uniquement parce que j’en ai envie, je vais daigner ici apporter une réponse, et que l’on cesse ensuite de m’importuner avec de telles considérations.
Un humain, certes, est et reste un animal incompréhensible et lunatique, souvent affligé de troubles psychologiques plus ou moins graves incluant l’auto-centrisme et l’illusion de contrôle sur ce qui l’entoure, sans insister sur l’attachement obsessionnel à des objets inutiles et au recours à un langage peu efficace. Il est facilement ennuyeux et je conseille donc à tout chat sensé de l’ignorer la plupart du temps. Porter trop d’attention à un humain a tendance à aggraver son sentiment d’importance et n’est pas recommandé, pour son propre bien. Son éducation en souffrirait vivement.
Cependant, un être humain travaille gratuitement, ou pour une récompense si minime que c’en est négligeable : quelques caresses, de jolies poses, un peu d’attention. Ce n’est pas bien cher payé pour une alimentation équilibrée et régulière (comme en témoigne ma superbe constitution que vous admirez si fréquemment), un espace chauffé et à l’abri des intempéries, et l’accès à des soins médicaux en cas de besoin.
« Mais, et la liberté, me demandez-vous parfois? » Je reconnais que c’est une vraie question. Nous avons tous entendu des histoires affreuses de chats enfermés dans des espaces inadaptés ou insuffisants, mal nourris ou même maltraités. Je n’ai qu’une réponse à apporter ici. Adopter un humain familier n’est pas un acte anodin ni un caprice. C’est malheureusement devenu accessible à tout chat, indépendemment de son âge et de son caractère, et je le déplore fortement. L’adoption devrait être l’a conclusion’aboutissement d’une réflexion mesurée, et non une impulsion. Si vous n’êtes pas sûr de pouvoir éduquer votre humain correctement, abstenez-vous. Sinon, vous n’aurez qu’à vous en prendre à vous-même si le résultat ne vous convient pas.
Prenez exemple sur moi, puisque je suis sans l’ombre d’un doute un modèle à admirer. Non seulement mon humain familier travaille volontairement pour assurer mon alimentation et mon logement, mais à force de patience et de persévérance j’ai réussi à en obtenir bien plus : des voyages. Comme tout chat qui se respecte, j’aime évidemment connaître mon territoire sur le bout des griffes. Toutefois, j’aime également le changement puisque je me lasse facilement. La solution, c’est donc soit de choisir un humain voyageur, soit de le dresser à cela. En ce qui me concerne, j’ai pris dès le départ le risque d’adopter un humain familier étranger, en misant sur sa capacité d’adaptation. Je reconnais avoir alors pris un risque, mais j’avais déjà suffisamment de caractère (étant issu d’une grande famille, j’ai domestiqué quatre humains et deux chiens avant même d’être sevré) pour savoir que j’étais largement à la hauteur du défi.
Le résultat ? En moins de douze ans j’ai vécu sur deux continents et dans quatre pays, pris l’avion et le train trois fois, je voyage librement en voiture, et désormais je dispose d’une unité de transport de sept mètre cubes spécialement adaptée à mes besoins, avec un compartiment séparé pour le chauffeur (bien pratique pour les longs trajets). L’humain de compagnie s’occupe de la conduite, de l’ouverture des portes, assure la sécurité et le ravitaillement, et à l’occasion de la toilette.
Je reconnais que cela m’a tout de même pris dix ans pour obtenir un tel niveau de service, et ce n’est sans doute pas à la portée du premier chat venu. Mais je peux être votre source d’inspiration, et je croise parfois d’ailleurs déjà certains de mes disciples sur les routes.
Vous souhaitez encore quelque conseils éclairés ? Soit.
Tout d’abord, évitez les humains susceptibles de se faire également adopter par d’autres espèces. Vous ne voulez pas avoir à souffrir de la cohabitation avec un chien par exemple. Quelle horreur !
Ensuite, choisissez un humain un peu indépendant mais influençable. Ainsi, vous n’aurez pas à supporter sa constante admiration, qui peut s’avérer pesante à la longue, tout en pouvant lui imposer vos décisions. N’hésitez pas à jouer de ses faiblesses, en lui laissant croire qu’il détient du pouvoir ou qu’il dispose d’une intelligence notable. Ce n’est pas vrai bien entendu, mais un familier est plus facile à manipuler quand il croit disposer de libre arbitre.
Donnez-lui de bonnes habitudes dès le début. Ne lui laissez pas passer des écarts de conduite au motif qu’il est parfois amusant. Vous vous en mordriez les pattes par la suite.
Bien entendu, sachez doser vos exigences et éduquez graduellement. Commencez par exemple à apprendre à votre humain à ouvrir et à fermer une fenêtre, et à force de patience vous lui aprendrez peut-être à communiquer utilement. Evidemment, si vous ne parvenez même pas à obtenir une gamelle en libre-service, le voyage est largement hors de votre portée.
Finalement, évitez d’adopter un humain trop occupé qui ne vous accordera pas assez de temps. Ces humains-là sont plus difficiles à dresser, et encore plus à emporter en voyage, car ils ne parviennent pas à concentrer leur attention sur autrui.
J’ai bien conscience que ce n’est pas à la portée de n’importe quel chat de devenir aussi impressionnant que moi, en termes de réussite, mais dans cet article je vous donne quelques pistes qui vous aideront peut-être à suivre mes traces, ou tout du moins qui vous permettront de mieux m’admirer.
Et maintenant, cessez de me poser des questions stupides. J’ai mieux à faire de ma vie que de perdre du temps à vous répondre. Par exemple, grimper dans un arbre. Ou dormir.
© Gwen Caillet et Zeus 2023 – Tous droits réservés.
Ton chat me rappelle un peu le chat de la Youtubeuse Annabelle la Coccinelle (qui s’appelle Nani et est roux – le chat, pas la Youtubeuse…)
Un chat qui vit en camion, et pourquoi pas après tout ? Certains vivent bien en maison !
Un chat en fourgon, c’est juste un peu d’organisation en plus.
De plus en plus il semble s’ennuyer quand on rentre à la maison trop longtemps, comme quoi …
Miaou, Miaou