Last updated on 1 novembre 2023
Les belles falaises surplombant Bolonia se repèrent de loin, déjà depuis la route qui mène de Cadiz à Tarifa. En passant le col, on découvre en contrebas la longue plage en demi-lune, encadrée de falaises vers l’est et encore vers l’ouest, par-delà la superbe dune.
Un jour de printemps, j’ai donc quitté le village de Lentiscal en longeant tout d’abord la plage de Bolonia vers l’est avant de remonter rapidement parmi la végétation méditerranéenne.
Premier objectif : les restes d’un acqueduc romain, agréable rappel du passé antique du site.
De là, un simple sentier rejoint une piste de terre qui débouche sur quelques maisons.
Le soleil est déjà haut et chaud en arrivant sur la route étroite qui contourne le sommet abrupt de la grande colline. En changeant de versant, la végétation se fait plus rare et rabougrie. Des clôtures interdisent le passage d’autant plus efficacement que les pâtures renferment leur secret : sont-elles peuplées de vaches paisibles ou de taureaux agressifs ? Dans le doute, mieux vaut s’abstenir de sauter la barrière pour le découvrir.
Le ruban d’alphate grimpe et grimpe encore, s’étirant tout autour des parois déchiquetées. Un minuscule village s’allonge, blanc ruban accroché à la pente. Vaches et moutons y paissent librement, profitant des vertes pousses printannières.
Non loin de là se trouvent des tombes anthropomorphes, comme celles que j’ai pris l’habitude de visiter non loin de Huesca. Elles sont l’objectif principal de cette randonnée. Curiosité de découvrir si loin dans le Sud ces étranges pratiques funéraires. Sur une grande dalle au milieu du pré, neuf tombes s’alignent, vides empreintes témoignant encore d’une vie disparue.
Autant pousser un peu plus loin, puisque la carte indique un joli point de vue. Au détour d’une courbe se révèle effectivement une vue époustouflante sur Tarifa, ses plages, l’océan et par-delà, les montagnes du Maroc. Impossible d’en détacher le regard.
Il faut aller de l’avant, juste un peu plus loin, jusqu’au virage, jusqu’au prochain hameau.
Arrivée là, ce n’est plus qu’un exercice de confiance que d’imaginer un chemin descendant jusqu’aux plages, puis un autre longeant la côte pour revenir à Bolonia. Une carte me le dirait sans doute, mais la zone ayant été par le passé territoire militaire, les cartes sont floutées et illisibles précisément à l’endroit qui m’intéresse. L’essentiel de la promenade à venir comporte donc dans une large mesure cette part d’incertitude : faudra t-il rebrousser chemin pour repartir en sens inverse ou sera t-il possible de boucler la boucle ?
Cependant, l’excursion s’avère ravissante, passant au pied des falaises, traversant une haute pinède ombragée, le camaieu de vert venant souligner les bleus du ciel et de l’océan en contrebas.
La pente devient plus forte, le sentier de terre se transforme en terrain sablonneux. Une seconde pinède semble tout droit sortie d’un film, parfaite et accueillante, fraîche et néanmoins lumineuse, invitant au pique-nique dans le chant des oiseaux.
Plus loin, le sentier longe un canyon vertigineux, puis rejoint un replat. Enfin, une route qui va se perdre dans une base militaire abandonnée, reconquise par les résidences secondaires. Tout au bout, un chemin n’en finit plus de se ramifier, il faut deviner, se fier à la proximité des flôts sans descendre sur la plage, passage interdit par la marée haute.
Les pins résistent à l’ensablement, quelques balcons magiques s’ouvrent sur l’azur et les silhouettes bleutées du Rif occidental. Le ronflement rythmé des vagues s’intensifie. Le sentier descend sur la plage ici plus large.
Au détour d’une dune, Bolonia apparait. Plus belle que jamais dans ses couleurs de jour finissant. Quand la fatigue cède la place à l’idée du repos, et que le pas s’accélère quand cela semblait impossible…
Bolonia, encore et toujours Bolonia qui n’en finit pas de dévoiler ses charmes.
Pour suivre ce voyage sur la carte, cliquez sur voyage en Espagne 2023 : point I.
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