Last updated on 7 septembre 2019
Sur la rive ouest du Nil, au-delà du ruban vert des cultures irriguées, se dresse, comme une sentinelle rouge la montagne de Thèbes. Sortant de terre subitement entre la plaine et le désert, abruptes falaises plus impressionnantes que terribles, elles abritent des trésors que l’on voudrait croire éternels.
Dans cet écrin de roche nue qui n’abrite aucune végétation, au fond d’une vallée inhospitalière, se cachent les tombeaux des rois. Dans la fraîcheur de l’aube on se heurte d’abord aux portes fermées des tombes en rénovation ou préservées des dégradations du tourisme. Finalement, en haut d’un escalier de bois bien raide, on atteint la nouvelle entrée d’un sanctuaire. Ici c’est l’architecture qui vaut le détour – si l’on peut appliquer ce terme non à une construction sortant de terre mais à des corridors et à des salles taillées dans la roche. Peu à voir, mais beaucoup à ressentir en s’enfonçant dans des boyaux en pente, en émergeant dans une salle vide, en imaginant les espoirs d’immortalité de celui dont le sommeil sans fin a été troublé.
Brève visite, émerveillement des couleurs matinales en ressortant. Redescendre l’escalier puis la vallée, choisir le prochain objectif (la règle est de pouvoir accéder à trois tombes au choix, un choix finalement limité), attendre de n’avoir pas de groupe en vue, puis se précipiter à nouveau sous terre. Les deux autres tombes sont de conception plus simple mais de réalisation plus aboutie. Cela se rapproche de mon imaginaire d’enfant, avec des fresques peintes défiant le temps, des divinités à la fois solennelles et accueillantes aux têtes animales, un cercueil trônant, massif sarcophage, au milieu de la chambre funéraire. Descente en quelques minutes au royaume de ces morts d’un autre temps dont je ne comprends pas les cultes mais dont j’aime l’image de la beauté.
11 février 2006