Randonnée sur les hauteurs de la Sierra de Guara
Début septembre, toujours en Aragon, la Sierra de Guara retrouve un peu de son calme habituel après l’affluence de l’été. Les températures ont chuté, lançant le signal de la seconde période propice aux randonnées et autres explorations des hauteurs de la Sierra de Guara. Aujourd’hui, direction la Peña Ruaba!
Au départ de Rodellar, la montée d’Andrebot se fait facilement sans les grandes chaleurs. Depuis le dolmen de Losa Mora, les Pyrénées s’offrent aux regards, liseré magnifique vers le nord.
La Sierra de la Lupera
En direction du village abandonné de Nasarre, une pancarte indique le départ d’un sentier presque invisible, qui ne figure pas sur les cartes. La Lupera! C’est le nom d’un vallon, de quelques collines. Le massif de la louve? Impossible de résister à un nom tellement évocateur, portant promesse de terres sauvages et d’inconnu.
Quelques heures loin du monde des hommes
À peine dessiné parmi les buissons bas de buis, les écorcheurs et bouquets de thym, le sentier monte d’abord tranquillement vers ce qui peut-être sera un petit col. Assez vite, la pente gagne en degrés et le terrain se transforme, devient plus rocailleux, de cette pierre grise qui dissimule de nombreux trous, accroche la chaussure et déchirerait le pantalon de qui tenterait de s’y asseoir. Sans aller bien haut, le terrain s’élève et offre un panorama superbe sur cette partie du parc naturel de la Sierra de Guara.
Les montagnes lointaines barrent l’horizon de part en part. Les villages abandonnés ne sont plus que de minuscules assemblages de ruines qui disparaissent très sûrement. Le chemin se confond avec le lit d’un torrent désséché, et monte toujours, avant de bifurquer jusque sous la crête. Le vent fait son apparition, raffraichissant et avide d’arracher tout ce qui pourrait l’être sur son passage.
Une pancarte, incongrue dans un tel lieu déserté, indique la direction de Nasarre, si loin en contrebas, ainsi que la Peña Ruaba, que la carte indique comme étant le tout petit sommet de la zone, même pas 1 500 mètres. Le sentier qui y mène, bien dessiné, laisse deviner l’abîme sous la crête, quelques vautours y ont perdu des plumes, et les chèvres sauvages ont laissé quelques traces de leur passage.
Un panorama spectaculaire sur les Gorgas Negras et sur les Pyrénées
La Peña Ruaba offre un spectacle inattendu, majestueux, sur le canyon de l’Alcanadre en contrebas (les si longues Gorgas Negras), mais également sur le sommet du Tozal de Guara juste en face, et enfin de l’autre côté, toujours les Pyrénées, du Pays Basque jusque vers le Val d’Aran.
Bien loin en contrebas, une tâche de couleur indique, par ce vert si spécial des eaux calcaires transparentes, le lit de la rivière Alcanadre. La falaise la plus proche vertigineuse, sert d’aire de repos et de nichoirs aux vautours fauves qui se disputent bruyamment, prennent brutalement leur envol puis se laissent planer, loin en contrebas, profitant des chauds courants ascendants.
L’oeil ne sait plus où se poser parmi tant de beauté, de surprises, de profondeur. Nul loup en ce jour dans le massif, mais des réserves de rêves pour les jours et les saisons à venir, qui oublieront l’effort de la promenade pour ne garder que l’émerveillement d’une nature sauvage et superbe.