Bretagne alternative

Maintenant, les calmars tombent du ciel, les chiens mangent des pommes et les gens ne sortent plus de chez eux. Enfin presque. Des gens sortent un peu, tout de même.

Ou devrais-je plutôt dire, ici ? Est-ce une question d’époque ou une question d’endroit ?

Est ce que les calmars ont toujours eu pour habitude de sauter hors des océans, par-dessus les falaises, pour aterrir dans l’herbe qui borde les sentiers ?

Est-ce que les chiens ont toujours eu tendance à chaparder des pommes en secret?

Ais-je vécu jusqu’ici dans un monde construit de fausses certitudes ?

Aura t-il fallu une pandémie bizarre pour m’ouvrir les yeux sur les réalités d’un monde aussi étrange qu’inattendu ?

De jour en jour, dans un exil volontaire, là où le vent souffle fort et où les vagues volent les enfants, à explorer les sentiers oubliés d’un périmètre restreint, à laisser les chevaux d’écume s’imprimer au fond de la rétine, c’est comme un univers qui se redéfinit.

Ailleurs, d’autres luttent simplement pour respirer. En Bretagne, c’est la nature toute entière qui respire, au gré des marées, des coups de vent et des averses violentes. Qui restera t-il pour en témoigner ? Au bout du compte, personne : l’humanité s’éteindra bien avant le soleil. Mais en attendant, s’il faut rester calfeutré pour que d’autres puissent respirer, les poulpes peuvent bien voler librement et les canidés cultiver leur potager en paix.