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La forêt des débuts, tout là-bas à Bialowieza

Posted in Animaux, Flore et nature, Patrimoine, and Voyages

Last updated on 2 novembre 2023

L’horizon est infini, mais on peut toujours essayer de partir à sa rencontre.
Cette fois-ci, direction le grand Nord-Est, la Pologne. D’abord Varsovie, puis la forêt primaire de Bialowieza, tout au bout de l’Europe.

Varsovie s’éveille

Varsovie paisible au bord de son fleuve aux plages prises d’assaut en ces premiers jours de beau temps, les promenades bondées, tout le monde dehors. Le centre ville historique débordant de bonne humeur et d’attractions, les façades des immeubles rivalisant entre elles pour se distinguer au sein de l’harmonie. Les voitures sont ailleurs, tout autour. Ici ce ne sont que piétons, cyclistes, trottinettes et autres rollers. On respire la fin de l’hiver, à pleins poumons.

Mais je ne suis pas là pour ça. Pas vraiment. Il y a, encore plus à l’Est, nichée contre la frontière, une forêt de légende. Le roman magnifique de Naomi Novik, Déracinée, résonne si fort en moi qu’il faut aller là-bas, voir de mes propres yeux, sentir les odeurs, laisser la lumière m’envahir. Bialowieza la blanche. Celle qui a survécu aux hommes dix mille ans durant… Je suis venue pour me perdre dans cette forêt.

Passer la porte d’un autre monde

C’est un voyage différent, où un maigre vocabulaire fraîchemment acquis ne permet pas de comprendre davantage que des bribes de conversation. La liberté des promenades à bicyclette vient se heurter aux arrestations incessantes par la police et l’armée, forces massées sur une frontière malmenée. Les religions ici construisent des temples aux toits en forme de bulbes de tulipes, investissent des îles fortifiées au milieu des marais, datent de bien avant le christianisme. Les habitants posent des bancs devant leur maison, invitant les passants à se reposer un moment, à discuter un peu. Les demeures sont encore bien souvent de véritables scupltures de bois.

Un jour un cercle de pierres magiques, bien enfoncées dans le sol, encourage les arbres à pousser follement comme de jeunes herbes. Un autre une chamane centenaire plonge son regard dans le mien, puis opère sa magie – peut être pour m’aider à rejoindre les arbres dans leurs rêves.
Les rivières coulent au milieu de la plaine, en bordure de forêt. Des oiseaux s’élèvent en chansons des roseaux et autres herbes hautes. Le vent vient chanter aussi parmi eux.

S’abandonner à la forêt

Mais la forêt est habitée. Non tant par quelques humains résistant aux folies ambiantes que par les animaux sauvages. Les rencontrer au milieu des chemins, sentir leurs odeurs, observer leurs traces, écouter de tout son corps leur fuite éperdue entre les arbres. Ici découvrir un nid garni d’oeufs bleutés, là s’émerveiller d’un blanc tapis de fleurs sauvages.

Les arbres surtout ! Si hauts, si forts, si beaux dans ce printemps éclatant d’un vert tendre. Beaucoup sont si hauts qu’on n’en voit pas la fin, et si épais qu’on n’en fait pas le tour. Ils murmurent des sagesses oubliées, apaisent les peines, offrent la paix à ceux qui survivent, et portent les traces à peine lisibles de toute la vie qui les entoure, qui les frôle, qui les anime.

Bialowieza, c’est la forêt d’un autre temps. Elle m’appelle. J’écoute encore. Je ne suis plus vraiment là.

© Gwen Caillet 2022 – Tous droits réservés.

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