Last updated on 1 novembre 2023
De leurs petits noms Menga, Viera et El Romeral, ce sont réellement des tumulus contenant des allées couvertes débouchant sur une ou deux salles. On est bien loin de la Bretagne, en ce sud de l’Andalousie, sur la commune de Antequera. C’est que les mégalithes de ce type sont en fait présents partout en Europe.
Reconnus patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco en 2016, ces 3 monuments sont évoqués dans des documents écrits depuis le début du XVIème siècle.
Toujours énigmatiques, ils nous posent des questions davantage qu’ils ne nous livrent des secrets.
Que savons-nous réellement ?
Qu’ils sont oeuvre humaine, qu’ils s’appuient sur certains évènements astronomiques (solstices), qu’ils sont souvent situés dans des endroits remarquables (points de vue élevés, s’appuyant sur des points de repères paysagers évidents) et qu’on y trouve souvent des restes humains (trace de pratiques funéraires).
Qu’ignorons-nous toujours ?
Qui les a construits, à quelle époque, pourquoi et comment. Des hypothèses existent, des possibilités sont envisagées, mais il y a peu de certitudes.
Cet ensemble de trois mégalithes est extraordinaire par son état de conservation. De plus, ils continuent de révéler des informations, ce qui rend ce type d’archéologie absolument fascinant. De loin, on ne voit que de petites collines. De près, on est frappé par la monumentalité des portes d’accès, par la qualité de constructions défiant les millénaires. Avant la visite, on ne peut qu’espérer la surprise, qu’il ne s’agisse pas d’une répétition, d’une impression de déjà-vu. Après, l’émerveillement persiste, une foule de questionnements fait surface. Peu de réponses avérées, cette fois encore, mais des réflexions esquissées.
Mais passons plutôt aux présentations :
Le tumulus comprenant le dolmen de Menga est une merveille. Long de 27,5 mètres, haut de 2,7 à 3,5 mètres, d’une largeur maximale de 6 mètres, composé de pierres massives, il mérite sans conteste son appellation de mégalithe (la dalle la plus lourde pèserait 180 tonnes). Il comporte en outre trois piliers centraux, et un puit large et profond (quasiment 20 mètres), découvert tout récemment en 2005, dans lequel on distingue des marches permettant d’y descendre ou d’y fixer des outils de descente. Possiblement daté du néolithique final (3 800 à 3 400 ans avant notre ère), il a été ensuite utilisé de façon continue jusqu’au Moyen-Âge, sous une forme ou une autre (espace sacré, site funéraire).
Le dolmen de Viera, également partie d’un tumulus, se trouve tout près, à quelques mètres seulement. Plus petit, plus « simple » dans son dessin, comprenant des blocs de pierre bien rectangulaires, il pose surtout la question de la redondance ou de la complémentarité de ces deux sites et celle du choix de leurs orientations respectives.
Ce qui le distingue tout particulièrement est la « porte » d’accès à la salle, rectangle découpé dans une pierre plus massive.
Il semblerait avoir été construit après le site voisin, aurait peut-être 4 500 ans, avec des pierres provenant des environs immédiats (à environ 500 mètres) et a également été réutilisé lors des âges du cuivre, du bronze et dans l’Antiquité. Il porte actuellement le nom de son (re)découvreur.
La Tholos du Romeral, à 3 kilomètres de là seulement, diffère par son utilisation de petites pierres et non seulement de dalles massives, et par la voûte en demi-dôme de ses deux salles circulaires. Preque aussi long que Menga, mais moins large et plus bas de plafond dans le corridor, ce tumulus crée une atmosphère totalement différente. Son couloir s’aligne parfaitement sur le sommet de El Torcal dans le lointain. Il est possible qu’il soit plus récent, de l’âge du cuivre (peut-être 1 800 avant JC), mais aucune fouille scientifique n’a permis de le dater précisément.
Ces trois dolmens respectent chacun un axe indiquant d’une part, une montagne particulière à proximité (la Peña de los Enamorados), d’autre part le somment d’une montagne plus éloignée (El Torcal). Sur ces deux sites existent des grottes ou abris avec des peintures rupestres, et donc des traces de présence humaine également fort anciennes.
Agréable visite, faisant joliment écho au contenu du musée du Palais Mondragon de Ronda. Tant de grottes ornées, de ruines romaines et de dolmens à visiter, tant d’histoire et d’histoires à admirer, lire et imaginer.
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