Last updated on 31 octobre 2023
Cela fait plusieurs années qu’une visite à cette pinède spéciale, sur le plateau de Teruel, s’imposait. Trop froide en hiver, trop chaude en été, ce n’était jamais le bon moment, jusqu’à ce mois d’avril 2023.
Arrivée en fin d’après-midi au seul lieu de stationnement nocturne autorisé dans le parc de la forêt, la route promettait déjà des merveilles de paix et de douceur, pas toujours évidentes en montagne.
Nuitée avec une chute de température jusqu’au zéro, grand calme puis chant des oiseaux. Soleil triomphant lentement de la fraîcheur matinale. Passage à la fontaine pour remplir une gourde.
Une forêt à la beauté magique
Avant de repartir, une petite promenade s’impose. La SL-TE 22 parait idéale : à peine plus d’une heure, dénivelé limité, point de vue sur les alentours et quelques peintures rupestres en chemin.
Ce que le topo ne dit pas, c’est la beauté surréelle de cette forêt d’altitude, la fascination qu’exercent les rochers, pierres, blocs et autres falaises qui semblent y pousser un peu n’importe comment. Ni le chant des batraciens dans un petit étang. Le calme, à peine rythmé par l’appel du coucou, le bruissement du feuillage causé par un lézard, le cri d’un oiseau de proie.
Peintures rupestres
Les abris sous roche (las Tajadas, abrigos de Bezas) dévoilent parfois des peintures rupestres, d’une finesse telle qu’on sait exactement ce que l’animal est en train de faire.
Formes tracées à la peinture rouge ou blanche, pointillés foncés pour un art qui nous rapproche des artistes les ayant réalisés. Tellement humains. Parfois, cependant, il est impossible à l’œil néophyte de discerner quoi que ce soit. Rien à faire, on s’acharne, on change de point de vue, on repart puis revient. Rien. Nada.
Randonnée facile et agréable
La randonnée est facile, l’altitude de 1 300 mètres ne se fait pas ressentir, mais surtout l’incroyable magnificence de l’endroit donne envie de s’y perdre, d’y oublier le temps, d’explorer juste un petit peu plus, encore une fois.
Le temps prévu a été quasiment triplé, dans l’enthousiasme de la découverte. Ici un muret de pierre laissé par les charbonniers, là un énorme bloc de rocher qui semble sur le point de basculer, posé en équilibre sur son support, un peu plus loin une vue plongeante sur le canyon.
Et partout les arbres, non pas sombres et étouffants mais élancés, espacés et dont l’écorce rouge contraste heureusement avec le vert des feuillages.
Et partout les rochers qui font rêver
Par endroits le sentier s’étrécit, jusqu’à ne permettre qu’un passage en latéral, un pas à la fois. Il serpente doucement le long d’un ruisseau, grimpe au milieu du canyon, redescend dans le chaos rocheux, jouant à créer la surprise.
Pas étonnant qu’un habitat néolithique se soit dressé dans les parages à l’âge de fer; pas surprenant que nos prédécesseurs aient été inspirés à peindre sur les parois les animaux les entourant.
Aujourd’hui, ce petit paradis est bien connu des grimpeurs de blocs, toujours partants pour aller explorer la beauté du bout des doigts.
Les Pinares de Rodeno : jusqu’au nom chante, doux et rond, comme un appel de sirène que la distance ne suffira pas à faire oublier.
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